statc J£w$ Got Mon€¥: juin 2013

vendredi 28 juin 2013

Essayer de comprendre le silence des médias...

Echange de mails avec le patron de Causeur (revue qui ne fait pas exactement dans la Breaking News) qui avait proposé de m'aider 2 semaines auparavant:

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Cher Gil,

Si vous avez 5 min, je vous serais fort reconnaissant de m'expliquer (même brièvement) en quoi des juifs pauvres tétanisent les médias ?

J'ai contacté TOUTE votre équipe...

Un bref explicatif franc et direct (sous la plume d'un journaliste que j'apprécie) m'aiderait à y voir + clair et rejoindrait mon blog dans la rubrique WTF

http://lesjuifsontdelargent.blogspot.com.es/2013/05/a-moins-quils-soient-inities-par_29.html

Cordialement,

Sasha Andreas

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nous avons vu que HP a parlé de vous

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C'est nous qui avons écrit l'article, il s'agit d'un blog...

Suivons votre raisonnement:

Pour info, Méric par ex, est traité dans TOUS les médias à plusieurs reprises.

Pourquoi en parlez vous ?

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L'échange de mails s'est arrêté net!

L'explication sur le silence, le tabou, la gêne...attendra.

Ce que veulent les "journalistes"

http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/09/05/moi-moi-moi-greg-packer-lanonyme-le-plus-celebre-du-monde/#xtor=RSS-32280322

mercredi 5 juin 2013

Un docu sur les juifs pauvres : « Et les coiffeurs hétéros ? »




Quand le réalisateur Sasha Andreas a décidé de faire un documentaire sur les juifs pauvres et que j’ai accepté de le produire, nous savions que nous nous attaquions à une idée reçue : « les juifs ont de l’argent. » C’est même cette idée qui a inspiré notre démarche et son titre provocateur : « J£w$ Got Mon€¥. »

BANDE-ANNONCE DE « JEWS GOT MONEY »
Etant à la recherche d’un distributeur, notre documentaire est encore inédit, mais nous avons d’ores et déjà découvert que le tabou est encore plus grand que nous le pensions. Entre surprise, gêne, déni, suspicion et amusement, voici un petit florilège des réactions rencontrées au cours de notre projet.
Un petit tour sur Google, et la saisie semi-automatique vous révélera ce qu’un certain nombre de francophones affirment ou se demandent tout bas :

Les juifs sont tous... (Capture d’écran)
Vous remarquerez la nuance : pas « il y a des juifs riches », ou même « beaucoup de juifs sont riches », ou encore « beaucoup de riches sont juifs ». Non, le cliché veut que tous les juifs soient riches, comme s’ils formaient un bloc.
Malheureusement, il n’est pas rare d’entendre ce genre d’insinuations, dont Coluche lui-même s’était rendu coupable à une heure de grande écoute (on remarque au passage qu’il y avait selon lui « les juifs » d’un côté et « les Français » de l’autre). Sans remonter aussi loin, une petite recherche sur Twitter confirme que le cliché existe toujours parmi les jeunes générations :


Il ne s’agit pas de montrer la France du doigt ; à New York, où nous avons choisi de tourner, notre projet a aussi parfois été accueilli avec étonnement. Malgré la présence d’un million de juifs dans cette ville cosmopolite, beaucoup semblent penser que la pauvreté chez les juifs new-yorkais est une affaire du passé. C’est ce qu’ont proclamé des « amis d’amis » sur Facebook alors que nous recherchions un caméraman :
« Il n’y a pas de juifs pauvres à New York ! »
Bien sûr, en y réfléchissant, les gens sensés en France et ailleurs finissent par se rendre à l’évidence et se disent qu’il y a forcément des juifs qui ne sont pas riches, voire qui sont dans le besoin. Le hic, c’est que peu font cet effort de réflexion.
MAKING OF
Avec « Jews Got Money », entièrement tourné à New York, Sasha Andreas réalise son premier documentaire. L’auteur est français, et il n’est pas juif. Lorsqu’il a pris contact avec Rue89 pour nous parler de son projet, il a évoqué un sujet « tabou ».
« Pourquoi tabou ? », lui a-t-on demandé. Sa productrice Anna Heim a accepté de nous raconter en détails les réactions épidermiques de leurs interlocuteurs. Elle a entièrement financé le film (à petit budget) et recherche encore un distributeur.
Camille Polloni
Même quand c’est le cas, savent-ils qu’il y a autant de juifs pauvres et qui ils sont ? Généralement non. En fait, les juifs pauvres font eux-mêmes l’objet de stéréotypes, comme le prouve un commentaire que nous avons fréquemment entendu :
« Ce sont des familles nombreuses ultra-orthodoxes, non ? »
Cette généralisation ne vient pas de nulle part ; selon le Bureau du recensement des Etats-Unis, cité par le New York Times, le lieu le plus pauvre de tous les Etats-Unis est le village de Kiryas Joel. Dans cette petite ville de 21 000 habitants, la plupart des résidents appartiennent à la communauté hassidique Satmar, et 70% vivent sous le seuil de pauvreté.
Le souci, c’est que limiter la pauvreté juive à un choix de vie n’en donne qu’une image partiale et partielle. Selon une étude conduite en 2011[PDF] au nom de la fédération new-yorkaise d’Appel Juif Unifié, un juif new-yorkais sur cinq vit dans la pauvreté – un pourcentage similaire à celui constaté dans d’autres contrées, par exemple en Australie.
Parmi les juifs américains en difficulté financière, il y a des familles orthodoxes, c’est vrai, mais aussi des survivants de la Shoah dont les proches sont décédés, des juifs soviétiques jeunes ou âgés qui ont émigré aux Etats-Unis après la chute de l’URSS, des parents célibataires, des handicapés et des ménages frappés par le chômage suite à la crise économique, comme bon nombre de leurs compatriotes.
L’un des faits qui nous a le plus frappés et surpris lors de notre enquête est la réticence que la communauté juive a à aborder ce sujet. Comme l’a noté le blog Simply Jews, cette attitude dément le cliché selon lequel les juifs se complairaient dans une posture victimaire.
Ainsi, nous avons reçu cette fin de non-recevoir de la part d’un entrepreneur juif américain à qui nous demandions des recommandations et dont nous tairons le nom :
« Pour être franc, je ne suis pas à l’aise avec le sujet ou les objectifs du documentaire. »
Notre but étant simplement de donner une image plus juste des juifs, ce refus nous a bien entendu déroutés, mais il a eu le mérite de mettre des mots sur un tabou dont nous avions du mal à cerner les raisons. Un autre de nos contacts américains d’origine juive a bien résumé ce phénomène dans un commentaire que je traduis ici :
« Après avoir vu [votre] bande-annonce, j’ai l’impression que les juifs sans argent sont vus comme un manquement au stéréotype. Comme si nous devions perpétuer la notion qu’être juif égale être riche. »
Comme nous l’avons appris, cette pression s’exerce à deux niveaux. D’une part, beaucoup de juifs se sentent obligés de mettre l’accent sur la réussite sociale de leurs coreligionnaires, quitte à passer la question de la pauvreté à la trappe. De l’autre, de nombreux juifs pauvres vivent dans la honte et sont réticents à demander de l’aide.
Quoi qu’il en soit, le résultat est identique : les juifs pauvres restent souvent invisibles aux yeux de la société. Par exemple, l’une de mes amies juives américaines m’a avoué que ce n’est qu’avec notre projet qu’elle a véritablement pris conscience de l’ampleur du problème, alors que sa famille fait de nombreux dons en faveur des nécessiteux et des associations qui leur viennent en aide.
Comme elle l’a souligné, la philanthropie est aussi à l’origine d’un douloureux paradoxe. Les principes de « tsedaka » (charité) et de justice sociale inscrits dans la religion juive incitent en effet tous ceux qui le peuvent à faire des dons réguliers pour de multiples causes, une générosité qui a pour conséquence de renforcer l’idée que les juifs sont riches.
Vous l’aurez compris, nous avons été confrontés à des difficultés que nous n’avions pas anticipées, et c’est encore le cas maintenant que nous contactons journalistes, distributeurs et éventuels soutiens.
Notre démarche à contre-courant est parfois gentiment moquée, comme par@xorizo, notre ami sur Twitter, qui nous a gracieusement aidés à retouchernotre affiche... et qui a aussi demandé goguenard au réalisateur si son prochain documentaire serait consacré « aux coiffeurs hétéros ! ? ».
Nettement moins drôle, on essaye parfois de nous imposer un agenda militant, comme ce critique de cinéma nous répondant que l’on pourrait opposer notre film « à un documentaire sur les Palestiniens milliardaires ». Ce commentaire est d’autant plus consternant que nous nous sommes bien gardés d’aborder le conflit israélo-palestinien, qui n’est pas notre sujet.
Même parmi ceux qui ont soutenu notre film, nous remarquons avec une pointe d’amusement qu’ils n’osent souvent pas mentionner son titre ou même les mots « juifs » et « pauvres » lorsqu’ils partagent des articles à son sujet. A l’exception de notre ami (fils d’une légende du cinéma) au pseudo WTF qui lui, y est allé franchement dans un tweet.
Cet embarras renforce bien évidemment notre motivation à faire tomber les clichés au sein de la communauté juive et au-delà. Il est d’ailleurs regrettable que « J£w$ Got Mon€¥ » soit parfois vu comme un projet judéo-juif.
Par exemple, on me demande très souvent si le réalisateur est juif – pour information, la réponse est non... Autre variante : « Vous allez l’envoyer dans les festivals de cinéma juif ? ». Notre réponse : peut-être, mais nous espérons aussi atteindre une audience plus large, comme cette lectrice du Huffington Post américain faisant son mea culpa :


« Oui, » écrit-elle, « je suis coupable de penser que les juifs ont tendance à avoir de l’argent alors que j’en connais beaucoup qui n’en ont pas. J’attends le documentaire avec impatience. »
Au risque de pécher par excès d’optimisme, voici un signe encourageant. Serait-ce la confirmation que notre documentaire peut contribuer à faire évoluer les mentalités ?

https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20130605.RUE6760/un-docu-sur-les-juifs-pauvres-et-les-coiffeurs-heteros.html



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Update dans le même registre:

La chanteuse Keren Ann:




La journaliste Noémie Halioua:

L’idée d’un documentaire sur les juifs pauvres, c’est un peu comme un sujet sur les homosexuels qui ne sont pas des tapettes ou sur les noirs qui ne savent pas danser… y’a un côté antiracisme qui  fait le jeu du racisme. Je trouve cela très maladroit…